mardi 10 mai 2011

Exposition photos

Afin de partager avec vous mon aventure palestinienne, j'ai monté une exposition photos!

Celle-ci est visible jusqu'au 20 mai, au CO de la Tour-de Trême (route de la Ronclina), du lundi au vendredi, de 8h à 17h (horaires scolaires, désolée pour tous ceux qui travaillent, je n'ai pas trouvé d'autres locaux...).

C'est une expo didactique, axée sur les différents thèmes/ problèmes que j'ai rencontré au quotidien en Cisjordanie: arrestations de mineurs, démolitions de maisons, arrachages d'oliviers, manifestations, attaques de colons, les soldats, mais il y a également des panneaux qui expliquent simplement l'histoire de la Palestine avec des cartes et des panneaux sur Jérusalem et bien sûr, last but not least, sur Hébron!

Enjoy!!!

jeudi 24 mars 2011

Arte Reportage: "Hebron: le chemin de la paix"

Voici un lien vers un reportage de la chaîne Arte diffusé fin février 2011 sous le titre de "Hébron: le chemin vers la paix".

Le reportage est vraiment bien fait, très représentatif et, fait assez rare, est en FRANCAIS!!!!

Je vous le recommande plus que vivement (ce d'autant plus que je ne sais pas combien de temps le lien va rester actif...)!



Bon film!

dimanche 20 mars 2011

Quelques films et livres sur le sujet...

Voici quelques références de films et de livres. La liste est non exhaustive...

Films:

"Les Citronniers", 2008: Salma vit dans un petit village palestinien de Cisjordanie situé sur la Ligne verte qui sépare Israël des territoires occupés. Sa plantation de citronniers est considérée comme une menace pour la sécurité de son nouveau voisin, le ministre israélien de la Défense. Il ordonne à Salma de raser les arbres sous prétexte que des terroristes pourraient s'y cacher. Salma est bien décidée à sauver coûte que coûte ses magnifiques citronniers. Quitte à aller devant la Cour Suprême afin d'y affronter les redoutables avocats de l'armée soutenus par le gouvernement.
Mais une veuve palestinienne n'est pas libre de ses actes surtout lorsqu'une simple affaire de voisinage devient un enjeu stratégique majeur. Salma va trouver une alliée inattendue
en la personne de Mira l'épouse du ministre. Entre les deux femmes s'établit une complicité qui va bien au-delà du conflit israélo-palestinien.


"Ô Jérusalem", 2005:  27 Novembre 1947. Les représentants de 56 des pays membres de l'Organisation des Nations Unies votent le partage de la Palestine.
Cette année-là à New York, deux amis âgés de 27 ans, Bobby Goldman, juif new-yorkais, et Saïd Chahïn, arabe de Jérusalem, vivent dans l'atmosphère insouciante de la fin de la Seconde Guerre mondiale et partagent avec ferveur les mêmes idées et les mêmes valeurs.
Bouleversés par les évènements qui vont bientôt enflammer Jérusalem, Bobby et Saïd s'embarquent sur un navire à destination de la Terre Sainte.
Les deux amis ne réalisent pas encore que leur destin commun vient de prendre un tournant dramatique : frères devenus ennemis, ils vont des années durant se déchirer comme vont se déchirer leurs deux mondes, leurs deux peuples, leurs deux religions, leurs deux cultures.


"Le coeur de Jénine", 2005: Documentaire: 5 novembre 2005. La Cisjordanie est sous haute surveillance des Israéliens. Au camp de réfugiés de Jénine, la famille Khatib prépare la fête de l'Aïd. Ahmed, le fils de 12 ans, va faire une course en ville et, chemin faisant, "joue à la guerre" dans la rue avec des copains. Le voyant avec une arme (en plastique), une patrouille israélienne tire. L'enfant est transporté à l'hôpital de Haïfa, mais il est trop tard. Un soignant demande alors au père, Ismaïl, s'il est prêt à donner les organes de son fils à des enfants israéliens. Après avoir consulté son frère, l'imam et le chef du camp, il accepte.
Quelques années plus tard, les réalisateurs accompagnent Ismaïl Khatib dans un périple à travers Israël pour rencontrer trois personnes qui doivent la vie à sa grandeur d'âme : Mohammed, jeune Bédouin du Néguev, Samah, adolescente druse du nord d'Israël, et Menuha, fille de juifs orthodoxes de Jérusalem.
"Un documentaire bouleversant", Arte.


"With God on our Side": Un documentaire extrêmement intéressant sur un phénomène peu connu, le sionisme chrétien. Ce sont des chrétiens qui soutiennent la politique d'occupation des Israéliens et de discrimination envers les Palestiniens, au nom de Dieu.
 
"Welcome to Hebron": Un documentaire sur Leila et sa vie quotidienne d'adolescente sous occupation militaire israélienne. Edifiant.
http://www.welcometohebron.com/

"The Iron Wall":

Le Monde diplomatique: "C’est certainement le meilleur film sur la colonisation israélienne dans les territoires occupés. Il en retrace l’histoire depuis 1967, montrant notamment son accélération depuis les accords d’Oslo et, plus récemment, à l’ombre du mur. Pour expliquer des images aussi fortes, souvent violentes, il fallait beaucoup de pédagogie : c’est le rôle du commentaire, retenu, et des interviews d’Israéliens et de Palestiniens – personnalités ou hommes et femmes de la rue. Le titre renvoie à la thèse de Zeev Jabotinsky, père de la droite sioniste, qui rêvait dès 1923 de développer la colonisation à l’abri d’« un mur d’acier que la population indigène ne puisse percer »..."


Livres:

"Des murs entre les hommes": Alexandra Novosseloff, Frank Neisse

"Palestine inside out": Saree Makdisi

"Comment le peuple juif fut inventé": Shlomo Sand
"Programmer le désastre: la politique israélienne à l'oeuvre": Michel Warschawski

"L'industrie de l'Holocauste: réflexions sur l'exploitation de la souffrance des Juifs": Norman G. Finkelstein


et beaucoup d'autres...

mardi 15 mars 2011

Des Israéliens aussi nous ont apporté une aide vraiment précieuse...

Travailler dans les Territoires Occupés afin de supporter les Palestiniens et mettre un terme à l'Occupation ne signifie pas que l'on est anti-israélien, encore moins antisémite. Par contre, il est plus qu'évident que nous sommes totalement contre l'Occupation et la politique de colonisation et que, pour ma part mais sans aucun doute pour celle de mes collègues également, j'ai de très sérieux griefs contre les colons... 

Lors de mon mandat à Hébron, j'ai rencontré et travaillé avec de nombreuses ONGs israéliennes. Elles se sont avérées d'une grande aide et accomplissent en Palestine un travail vraiment remarquable, franchissant des limites qu'en tant qu'international nous ne pouvons nous permettre sous peine de se faire arrêter. Ce travail est fort apprécié par les habitants.

Ci-dessous, les principales ONGs avec lesquelles nous travaillons. Je vous recommande de visiter leur site internet, afin d'avoir une autre vision des Israéliens et de la situation en Cisjordanie.


Breaking the Silence:

Il s'agit d'une ONG fondée en 2004 par d'anciens soldats israéliens combattant lors de la seconde Intifada en Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. A la fin de leur service de 3 ans, en retournant à leur vie civile, ils ont ouvert les yeux sur la cruauté de leurs actes. Ils ont ressenti le besoin de parler de leur expérience et ont donc créé cette ONG. Leur but est de collecter les témoignages - confidentiels -  et de "briser le silence" et les tabous autour des abus commis contre les Palestiniens par les soldats de l'IDF (israeli defense force). Breaking the Silence organise des tours alternatifs dans la ville de Hébron et dans les South Hebron Hills. Les guides, tous d'anciens combattants, racontent sans détour ce qu'ils ont fait dans telle maison, à tel Palestinien...


New Profile:
New Profile est une organisation qui milite pour la démilitarisation de la société israélienne. C'est la mère d'un futur soldat qui ne voulait pas faire l'armée (obligatoire, 3 ans pour les garçons et 2 ans pour les filles) qui l'a créée car à l'époque elle ne savait pas vers qui se tourner pour aider son fils. L'organisation, qui a pris beaucoup d'ampleur, est composée aussi bien d'anciens soldats que d'objecteurs de conscience.
"La société israélienne est ultra-militarisée, tout, partout et en tout temps rappelle l'armée: les giratoires, les places de jeu, les mémorials dans chaque école, les soldats dans les supermarchés, banques, arrêts de bus... La société met une pression énorme sur les jeunes et l'armée...".
L'organisation fournit un soutien moral et une aide juridique à tous les objecteurs de conscience.

Voici un powerpoint de présentation de New Profile. Les images montrent à quel point la société israélienne est militarisée...
(Les images défilent toutes les 8 secondes, cliquez en bas à droite pour agrandir l'image)




Israeli Committee Against House Demolition

Organisation pacifiste défendant les droits de l'homme et oeuvrant pour une paix juste et équitable pour les 2 pays. Sa spécialité est la lutte contre la politique israélienne de démolitions de maisons palestiniennes et la construction illégale de colonies en territoire occupé. Elle fournit une aide juridique gratuite aux Palestiniens victimes de ces démolitions.
Elle offre des tours guidés d'une grande qualité et du plus grand intérêt dans les colonies, autour de Jérusalem notamment, et répond à toutes vos questions, même les plus délicates, à propos de la politique israélienne. Son site internet fournit de nombreuses et précieuses statistiques.



Machsom Watch:

Groupement de femmes, d'un âge certain, qui surveillent le comportement des soldats israéliens dans les checkpoints. Chaque jour, durant les "heures de pointe", elles se postent à côté des détecteurs de métaux et des tourniquets aux points de passage et rapportent les violations des droits humains. Elles n'hésitent pas à apostropher et réprimander les soldats si elles jugent que leur comportement est inadmissible et non conforme aux droits de l'homme.



Ta'ayush:

Organisation non-violente formée de citoyens israéliens juifs et arabes créé en 2000. Elle se bat contre l'Occupation et la discrimination entre juifs et arabes aussi bien en Israël que dans les territoires occupés.
Sur le terrain, elle fournit des panneaux solaires ainsi que des éoliennes dans les villages au sud d'Hébron, et construit des puits dans les pâturages. C'est une organisation très appréciée par les Palestiniens car elle leur fournit un bien très précieux, l'électricité et l'eau...



Bt'selem:

Centre d'information israélien concernant les droits de l'homme dans les territoires occupés. Créé en 1989 par des membres de la Knesset ainsi que des journalistes, des avocats et des universitaires. Le but est de sensibiliser le public israélien et les décideurs politiques sur les violations commises en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Il s'agit également de combattre le comportement de déni prévalant dans la population israélienne.
Du côté palestinien, Bt'selem fournit des caméras aux habitants afin d'enregistrer les attaques et violations commises par les colons. Le fait de posséder des caméras donne une certaine confiance aux Palestiniens et leur permet d'immortaliser le visage de leurs agresseurs, dans le but d'obtenir des preuves en cas de plainte. D'un autre côté, les caméras ont le pouvoir de tenir à distance les colons qui ont peur des répercussions. Les Palestiniens vivant dans les points chauds possèdent tous une caméra fournie par Bt'selem.

lundi 28 février 2011

Manifestation pacifique à Hébron...

Chaque année,  le 25 février, les Hébronites accompagnés de nombreux Palestiniens mais aussi d'internationaux et d'Israéliens, manifestent pour la réouverture de Shuhada Street (ou rue des Martyrs en hébreu). Shuhada Street fut la rue la plus commerçante de Hébron, comprenant près de 350 magasins, le marché aux légumes et la gare principale de la ville, entre autres... Elle est l'axe principale reliant le centre-ville et la mosquée ainsi que le souk, traversant ainsi toute une partie d'Hébron. Mais elle est également la rue le long de laquelle se situent les 3 colonies juives installées au coeur de la ville...

En 1994, Baruch Golstein, un colon juif américain habitant la colonie voisine de Kiriat Arba, ouvrit le feu sur la foule des fidèles musulmans qui priaient à la mosquée en ce jour de Ramadan. Il tua 29 Palestiniens et en blessa 200 autres avant d'être tué. Suite à ce massacre, et sous pression des colons juifs, le gouvernement israélien imposa un couvre-feu et la fermeture de l'artère principale de la ville, Shuhada Street.

Actuellement, Shuhada Street est située dans la zone sous contrôle israélien (séparation suite aux accords d'Oslo) et est totalement fermée aux Palestiniens, à l'exception d'une portion de 100m, gardée par un checkpoint à chaque bout. Cette portion permet aux écoliers Palestiniens de se rendre à l'école de Cordoba et aux Palestiniens qui habitent le quartier de rentrer chez eux sur la colline escarpée de Tel Rumeida, mais uniquement à pied, à vélo ou a dos de mulet, la rue étant réservée aux véhicules israéliens.

Les Hébronites demandent simplement la réouverture de cette rue (qui est devenue une rue fantôme) ainsi que des commerces, même si elle reste sous contrôle israélien.

La manifestation a lieu chaque année... Pour y avoir assisté en tant qu'observatrice, l'ambiance était vraiment bon enfant, pacifique, les gens heureux de se retrouver pour une cause commune, et tout le monde était calme. Mais à peine commencée, la manifestation a dégénéré suite à l'intervention immédiate de l'armée israélienne, tirant du gaz lacrymogène et des soundbombs sur les manifestants pacifiques... La manifestation avait pourtant été autorisée par les deux parties...

Voici une vidéo en anglais de CNN, sans commentaire...


dimanche 27 février 2011

Open Shuhada Street: manifestation à Hébron et dans le monde...

Autre vidéo sur la manifestation qui a eu lieu à Hébron en Cisjordanie le 25 février 2011. Le but est la réouverture de Shuhada Street.

On y voit également des images d'avant la fermeture de la rue, ainsi que des images des manifestations de soutien qui se sont déroulées à travers le monde le même jour...



dimanche 20 février 2011

Qanabi et Uwewe: deux familles du souk face aux colons

La famille Qanabi:
La famille Qanabi
Fatmah Qanabi vit dans une maison qui a été rénovée par le Hebron Rehabilitation Committee (HRC) en 2008. Celle-ci se situe dans le souk, à côté de la colonie Avraham Avinu. Fatmah a 4 enfants et elle est enceinte. L'un de ses fils est mort tué par balle alors qu'il jouait sur le toit de sa maison (n'oublions pas qu'ici le toit sert de terrasse et de chambre en été...). Le toit de la maison d'à côté est occupé par un poste de contrôle israélien. Lorsque nous sommes montés sur le toit afin d'avoir une meilleure vue sur la situation, les colons nous ont crié dessus en nous insultant et les soldats ont pointé leurs armes sur nous... Autant dire que la visite a été écourtée...

Bien que la maison ait été rénovée en 2008, des moisissures sont apparues dans toutes les pièces à cause de l'humidité. En effet, le toit doit être entretenu de manière régulière afin d'éviter ce problème mais personne n'est autorisé à y monter... Mme Qanabi a réussi à épargner une minuscule pièce de 6m2 où toute la famille s'entasse pour dormir. Mais elle a dû barricader ses fenêtres car les colons ont brisé tous les carreaux en jetant des pierres. En effet, il y a moins de 1m entre les 2 immeubles. Cette famille n'a pas l'argent pour réparer et de toute façon elle ne veut pas car les colons les casseraient à nouveau... Parfois, ceux-ci lancent aussi de l'urine ou du coca par la fenêtre. Son fils de 4 ans a perdu en partie la vue car les colons l'ont arrosé d'acide alors qu'il regardait par la fenêtre...



La famille Uwewe:

Mme Uwewe a 5 enfants. Elle vit également dans le souk et, comme Mme Qanabi, elle a pour voisin direct des colons. Elle a perdu 2 bébés, le premier en 2008 lorsqu'elle était enceinte, des colons l'ont battu car elle était sur le toit de sa maison (trop proche selon eux de leur habitation) et le deuxième en 2009 lorsqu'elle était en train d'accoucher, elle a appelé l'ambulance, mais celle-ci est restée bloquée au checkpoint. Les soldats ont dit à l'ambulancier que si c'était pour qu'il y ait plus de Palestiniens sur cette terre, c'était vraiment pas une urgence... Le bébé est mort... Lors de notre visite, elle avait accouché 1 mois auparavant. Elle est donc très fière de nous montrer son petit garçon...

La famille Uwewe

Mme Uwewe est une femme forte et elle refuse de ne plus monter sur son toit, où l'eau est stockée durant la saison sèche. Elle fait également visiter celui-ci aux touristes et ONGs...

(Cliquez pour agrandir)
Mme Uwewe sur son toit. En arrière plan, la colonie Avraham Avinu. Observez sur le réservoir d'eau en bas il y a 3 trous. Ce sont des balles tirées par les soldats afin de le rendre totalement inutilisable...

En 2008, des colons sont entrés dans sa maison durant la nuit par le toit. Ils ont mis le feu au premier étage, où la famille dormait... Depuis cet incident, des objets, de l'urine, de l'huile bouillante sont régulièrement jetés sur les enfants s'ils sont jugés trop proches de la colonie lorsqu'ils regardent par la fenêtre, jouent dans la cour intérieure ou montent sur le toit...


vendredi 18 février 2011

Al-Bwere: son hameau, ses vignes et... ses colons...

Al Bwere (cf carte en fin de blog: Al Bowereh au nord de la colonie Kiriat Arba, Hébron) est un charmant petit hameau composé d'une quinzaine de maisons. Celles-ci sont perdues au milieu des champs de citronniers, d'oliviers et de vignes que cultivent les Palestiniens afin d'assurer leur subsistance. Les raisins sont mangés frais, secs, en purée ou en pâtisseries (je vous rappelle que nous sommes en terre musulmane où l'alcool est interdit...).





L'essentiel de notre travail à Al Bwere consiste à accompagner les enfants sur le chemin de l'école et à visiter les familles.
EAPPI accompagnant les enfants à l'école, le long de la barrière de sécurité de Givat Harsina



Visite de famille


Vue de l'unique pièce constituant cette maison palestinienne

Cela est-il le moment "détente" de notre travail à Hébron? Pas vraiment... Tout au long de ce petit paradis se situe la colonie Givat Harsina... Nous accompagnons les enfants qui doivent emprunter la route qui longe la colonie pour se rendre à l'école. Il arrive fréquemment que des enfants colons se cachent derrière les arbres et jettent des pierres sur les Palestiniens...

Au milieu du hameau se trouve un "outpost" occupé par trois familles juives... Un outpost est un poste d'avant-garde, autrement dit ce sont des familles pionnières qui viennent s'installer sur un terrain non aménagé. Il n'y a ni eau ni électricité et les familles habitent dans des caravanes, mobilhomes ou cabanes. Petit à petit, l'outpost se développe et devient, après quelques années, une nouvelle colonie. Généralement, un outpost est situé au sommet d'une colline afin de dominer, physiquement et psychologiquement, les Palestiniens qui vivent plus bas. 

Vignes avec en toile de fond la colonie Givat Harsina

Mitzpe Avihai outpost

A Al Bwere, l'outpost Mitzpe Avihai a été déclaré illégal par les autorités israéliennes. Il a déjà été détruit 6x depuis 2008. La dernière fois remonte au 9 février 2011. L'armée israélienne a débarqué au milieu de la nuit avec deux bulldozers et a tout démoli.

Mitzpe Avihai après démolition
Des colons récupèrant des meubles

Une colon juive nourrissant son bébé parmi les décombres de sa cabane

Le lendemain, les colons de Mitzpe Avihai et des renforts venus de Givat Harsina se sont vengés en attaquant les maisons palestiniennes voisines, qui n'ont pourtant rien à voir avec cette décision. Ils ont mis le feu aux champs, coupé des plants de vignes et d'oliviers, lancé des pierres contre les fenêtres...

Vitre brisée à la suite d'un jet de pierre

Olivier coupé

Le surlendemain, comme à chaque fois, les colons ont commencé à reconstruire leurs maisons... au même endroit.






C'est le quotidien d'Al Bwere, son hameau, ses vignes et ses colons...





vendredi 4 février 2011

Sderot - Gaza... au-delà de la frontière

Sderot est une ville israélienne située à 1km de la bande de Gaza et de Beit Hanun et à 3km de Gaza City. Près de 20'000 personnes y habitent, malgré la situation géographique de la ville et son histoire...


En effet, Sderot a toujours été une cible privilégiée des roquettes tirées depuis Gaza. Depuis l'an 2000, entre 5'000 et 8'000 missiles sont tombés sur Sderot et ses alentours... Lors de la pire période, en 2008, jusqu'à 20 roquettes par jour avaient pour cible la ville. A cette période, près de 15% de la population a fui, notamment pour Ashkelon (où finalement la situation n'était pas meilleure...). A l'heure où est écrit cet article, des missiles tombent encore ponctuellement sur la ville...


Afin de se protéger, les habitants, aidés du gouvernement israélien, construisent à tour de bras des abris anti-missiles dans toute la ville: annexes de logements, abri-bus, bunkers, places de jeux, écoles, "couvercles protecteurs" sur les centres commerciaux. Des hauts-parleurs sont répartis dans toutes les rues afin de donner l'alerte: "Red Alert, Red Alert!" suivi d'une sirène stridente. A partir de cet instant, la population a entre 15 et 20 secondes pour tout abandonner et se mettre à l'abri...

Annexes anti-missiles (en gris) de logements


Abribus anti-missiles

Bunkers dans la cour de récré d'une école (navrée pour la qualité de la photo prise depuis un bus en train de rouler...)

Place de jeux


Ce serpent anti-missiles fait près de 25m de long et peut protéger jusqu'à 80 enfants

Entre Sderot et Gaza Strip se trouve une zone de no man's land de près de 500m suivi d'une zone à haut risque.

Le no man's land

Gaza City
La bande de Gaza est habitée par 1.5 millions de personnes réparties sur un territoire de 360km2 (41km de long, entre 6 et 12km de large). Il y a deux points de passage (checkpoints) pour les personnes, 1 au nord et un au sud à la frontière avec l'Egypte (Rafah CP). Seuls les humanitaires et les Palestiniens ayant un pemis spécial pour raison médicale (très difficile à obtenir) sont autorisés à les traverser. Il existe 2 autres points d'entrée, uniquement réservés aux marchandises. Selon notre contact de l'association Other Voice à Sdérot (othervoice.org, association visant le rapprochement des 2 communautés dans la région), près de 1600 tunnels illégaux passeraient sous la frontière. Environ 100 camions par jour apportent des vivres et des biens (mais les matériaux de construction sont interdits). L'économie à Gaza est complètement arrêtée, la population n'a pas de quoi acheter les biens importés. Le seul échange de marchandises consiste à exporter des fleurs et des fraises...

mercredi 2 février 2011

Al-Arrub refugee camp

Voici Al-Arrub, situé à 15km au sud de Bethlehem. La première impression en apercevant Al-Arrub est que c'est un village comme un autre... Cependant, il n'en est rien, car il s'agit d'un camp de réfugiés établi en 1949 par l'UNRWA sur les terres léguées par le gouvernement jordanien.

Une des deux rues principales de Al-Arrub Camp

Pourquoi l'établissement de ce camp? Voici la raison:

En 1920, une organisation clandestine sioniste, la Haganah, est formée. Elle se voulait être une protection pour les Juifs qui émigraient en Palestine. En 1948, lors de la création d'Israël, elle se transforme en véritable armée (après 1948, la Haganah va s'allier avec deux autres groupes de moindre importance pour former Tsahal, l'actuelle force de défense d'Israël). En 1948, la Haganah attaque, envahit ou détruit des villages entiers qui se trouvent sur le territoire du nouvel Etat. Près de 725'000 Palestiniens doivent prendre la fuite ("la Nakba"). L'UNRWA (United Nations Relief and Works Agency), créée pour répondre aux besoins de cette population devenue sans domicile, ouvre des camps de secours. D'abord prévus comme refuges temporaires pour une période de 2 mois, ces camps sont devenus permanents...

Selon la définition de l’UNRWA, un « réfugié de Palestine » est une personne dont le lieu de résidence habituelle était la Palestine entre juin 1946 et mai 1948 et qui a perdu à la fois son domicile et ses moyens de subsistance en raison du conflit israélo-arabe de 1948. La définition de réfugié de l’UNRWA couvre également les descendants des Palestiniens qui sont devenus des réfugiés en 1948.

Al-Arrub est actuellement habité par plus de 10'500 Palestiniens provenant originellement de 37 villages situés entre Ramallah, Gaza et Hébron et s'entassant sur un terrain de 1 km2...

Les noms des 37 villages dont sont issus les réfugiés sont inscrits sur ce mur.
Le camp est composé de 4 écoles (2 pour les filles, 2 pour les garçons), 1 petit magasin, 1 clinique avec 2 infirmières, 1 centre de rencontre pour les femmes, 1 centre pour enfants (près de 300 d'entre eux participent à des activités comme le dessin, le chant, la musique, les droits de l'homme, la démocratie, le théâtre, faire des documentaires, etc...). Le CICR et Médecins Sans Frontières y ont un office. L'UNRWA y a également un centre de distribution de nourriture et un centre de santé. 45% de la population a moins de 14 ans et il y a 30% de chômeurs... Les problèmes techniques majeurs sont le chômage, les écoles surpeuplées, un réseau d'égouts inefficace voire inexistant et les incursions des soldats durant la nuit.



2 exemples de problèmes rencontrés dans le camp: les enfants collaborateurs et les ordres de démolition.

Un des problèmes majeurs, comme cité précédemment, sont les incursions nocturnes des soldats. Ceux-ci pénètrent dans les maisons par les fenêtres et arrêtent sommairement les enfants, principalement âgés entre 10 et 14 ans. Ils sont emmenés au poste et parfois violés... Les soldats abusent d'eux dans le but de les dominer et de les rendre dociles, car ils ont peur que cela recommence. Il est ensuite demandé aux enfants de fournir des renseignements, des noms ou d'espionner des gens. Les soldats les récompensent avec de petites sommes d'argent. Ces enfants ont non seulement peur des soldats, mais ils ont également peur que leur famille découvre ce qu'ils font car ils risquent fortement d'être exclus de la communauté car ils sont devenus des collaborateurs de l'armée israélienne... Dans le camp, afin de lutter contre ce fléau, le Children Center organise des rencontres, monte des films ou joue des pièces de théâtre dénonçant ces pratiques et éduquant les enfants à résister et à se protéger... C'est aussi un centre d'accueil pour les enfants ex-collabos...

Un enfant interprétant son propre rôle d'enfant palestinien.
Un autre problème rencontré dans le camp est le nombre d'ordres de démolition en cours. En effet, en 1948, le camp était composé de tentes. En 1965, la situation étant inchangée et le camp devenant manifestement permanent, l'UNRWA a remplacé les tentes par des maisons comprenant 2 pièces et 1 cuisine par famille. Mais celles-ci se sont agrandies avec le temps et ces logements sont devenus trop exigüs. Les familles qui en ont les moyens ont acheté le terrain à côté de leur maison et y ont bâti des annexes. Mais le problème est que le camp se trouve en zone C, sous contrôle total des Israéliens et qu'il est interdit de bâtir sans permis (accordé dans 4% des cas seulement...). Près de 24 ordres de démolition sont en cours, tout cela suivi par un avocat bénévole.


Voici Sofia, 94 ans, qui a passé 61 années de sa vie dans ce camp... Elle y vit depuis 1949 avec sa soeur Zaineb, 78 ans.


Sofia et sa soeur vivaient paisiblement dans le village de Araq Al Manishia, (devenu la colonie israélienne Qiriat Gat), près de Hébron. "Avant 1948, les relations avec les Israéliens étaient très bonnes, il n'y avait pas lieu de faire de différence. Tout a changé en 1948 lorsque l'armée entrait dans le village avec des tanks, lançait des roquettes, pénétrait dans les maisons durant la nuit, volait les objets de valeur puis y mettait le feu... Nous avions tous très peur... Beaucoup de gens ont été tués, dont nos parents... Nous avons fui pour sauver notre vie." "Lorsque nous sommes arrivées dans ce camp, nous pensions que c'était temporaire, pour 1-2 mois. Nous avons compris que ce serait notre future demeure après 6 mois. Mais jamais je n'aurais pensé y passer le restant de ma vie... Je ne souhaite qu'une seule chose, c'est pouvoir revoir mon village et y être enterrée..." (Sofia).



lundi 31 janvier 2011

Planting Tree's Day à Umm al Kher...

Les terres valonnées aux alentours de Umm al Kher servent de pâturages pour les moutons et les chèvres, mais sont aussi utilisées, quand cela est possible, comme terrains agricoles. Elles appartiennent à Umm al Kher, les villageois ayant un titre de propriété, mais actuellement le cas est en procès afin de déterminer si les colons ont des droits sur celles-ci ou non.



Le 21 janvier est le traditionnel "Planting a tree Day" en Israël. Ce jour-là, les colons ont pris possession d'une colline située juste à côté de la colonie Carmel et en face du village de Umm al Kher. Une cinquantaine de colons de tout âge, hommes et femmes, se sont installés, avec leurs nombreux enfants, sur la colline. Ils ont planté une vingtaine d'oliviers, "protégés" par une trentaine de soldats formant une barrière entre le village et la colline, ceci "pour des raisons de sécurité militaire". Après avoir planté les arbres, ils ont organisé un barbecue sur les lieux-mêmes...




Peu après, le responsable de la sécurité de Carmel est venu poser un panneau "interdiction" à l'entrée du chemin qui mène au sommet de la colline.




A partir de cet instant, les bergers de Umm al Kher n'ont plus le droit de faire paître leurs troupeaux à cet endroit. Mais comme l'explique Eid Suleiman, "c'est un gros problème, car même si nous avons suffisamment de terres pour faire paître nos bêtes plus loin, lorsque nous rentrons le soir avec celles-ci, elles connaissent le chemin du retour, et celui-si passe par la colline... Il est impossible de leur faire prendre un autre chemin, celui-ci est dans leurs veines...".

Cet agneau est né le jour où même les moutons ont perdu leur liberté...

"J'ai terriblement peur que les colons tirent sur nos moutons et déciment les troupeaux...". "C'est un nouveau coup dur pour le village et je suis fatigué de tout cela, si fatigué..." (Eid).



NB: Je n'ai pas pu prendre de photos lors de la plantation des arbres car les soldats m'en ont empêchée... Quelque chose à cacher...?


vendredi 21 janvier 2011

Souk fermé après la prière...

En ce jour de prière pour les musulmans (nous sommes vendredi), les ruelles du souk de Hébron sont bondées. Chacun marche d'un pas rapide en direction de la Mosquée Ibrahim, située à l'autre extrémité du souk. La prière commence à 11h et se termine à 12h30.
A la fin de la prière, relayée par hauts-parleurs durant tout ce temps, les musulmans rentrent chez eux afin de fêter ce jour avec un bon repas, traditionnellement du poulet avec du riz mélangé à des choux-fleurs. Les femmes le préparent pendant que les hommes sont à la Mosquée.
Ce 21 janvier, les soldats israéliens ont décidé de fermer la sortie nord du souk (Bab-al-Baladya square), par lequel tout hébronite non juif doit obligatoirement passer pour rentrer chez lui. Il est 13h. Il y a déjà 20 personnes qui attendent, dans le calme.

Entrée nord du souk. Les soldats stoppent les Palestiniens.

Les organisations internationales (CPT- christian peacemakers team - et EAPPI) présentes à Hébron essaient d'ouvrir le passage et tentent également de comprendre ce qui se passe, mais les soldats font la sourde oreille et, comme d'habitude, sortent le refrain "I don't speak english"... Un moment plus tard, l'un d'entre eux me dit (tiens, il parle anglais maintenant!) qu'apparemment ils auraient vu un Palestinien armé, tirer en l'air en direction d'une colonie. Un autre me dit qu'un Palestinien a été tué... Etant sur place dès le début des opérations, je sais que cela n'est pas vrai... Le nombre de personnes souhaitant sortir du souk afin de rentrer à la maison va grossissant, maintenant, près de 60 personnes sont présentes, les esprits s'échauffent...


Des soldats arrivent en renfort. Ils ne laissent passer personne, excepté les internationaux, ce qui est d'autant plus injuste et énervant pour nous! Après 1h d'attente, les gens tentent de forcer le passage ou de trouver un autre chemin. Une partie des soldats court en direction d'une autre entrée, nous les suivons, pour découvrir qu'ils retiennent également les Palestiniens. La première arrestation ne se fait pas attendre lorsque l'un d'entre eux proteste un peu trop fort. Il s'agit de Mahmud, qui doit se rendre à l'hôpital avec son grand-père, présent dans le souk, car celui-ci est âgé et a un problème à la jambe ce qui fait qu'en plus, il ne peut pas rester debout à attendre des heures...

Mahmud, 15 ans


Vers 14h30, non sans avoir arrêté un deuxième Palestinien, les soldats se décident enfin à ouvrir le souk et à libérer les gens...

Ahmed, 16 ans


Remarquez sur ces 4 dernières photos que lors de l'arrestation des deux jeunes hommes, ils ont les mains menottées, mais leurs yeux ne sont pas bandés. Par contre, dès lors qu'ils sont en zone militaire derrière la porte (les photos sont prises à main levée), les soldats leur bandent les yeux...

Mahmud, 15 ans, sera relâché dans l'heure, non sans avoir été interrogé et battu par les soldats...
Quand à Ahmed, 16 ans, il sera libéré 2 jours plus tard avec une amende de 4000 NIS (1200.- CHF).

Le lendemain, je vais demander aux soldats ce qui s'est passé. Ils me répondent qu'ils s'agissait en fait d'un exercice! Selon les Palestiniens travaillant dans le souk, cette manoeuvre vise à dissuader les Hébronites de se rendre à la Mosquée le vendredi et que ce genre d'opérations allait se répéter à l'avenir...

dimanche 16 janvier 2011

Dkaïka...

Dkaïka est situé dans les South Hébron's Hills, au sud d'Umm al Kher (cf. cartes en fin de blog). C'est un petit campement bédouin paisiblement installé à l'entrée du désert du Néguev, tout proche de la Greenline qui sépare la Cisjordanie d'Israël. Il est composé d'environ 300 habitants, dont 60 enfants scolarisés.

Le matin du 12 janvier, alors que les enfants étaient à l'école et que les familles vaquaient à leurs occupations quotidiennes, l'armée, une centaine d'hommes, a débarqué avec 4 bulldozers et a détruit 7 "maisons", 1 étable et 1 salle de classe de l'école primaire Gayya. Au total, 46 personnes et 10 écoliers se sont retrouvés sans toit.

Les soldats ont arrêté 2 professeurs qui essayaient de sauver les pupitres et les livres scolaires...

(photo:anne skaardal, EAPPI)

Une des femmes du village, Hamdah Najadah, raconte: " 2 policiers m'ont attrapée par le bras alors que je voulais entrer dans ma maison afin de prendre quelques affaires et sauver les meubles. Je n'ai rien pu prendre. Ils ont tout détruit, même le café, le sucre et la farine... Où allons-nous dormir? C'est l'hiver et la saison des pluies arrive... Que Dieu nous garde...!".


Une femme cherchant des objets à sauver parmi les décombres de sa maison...

Les villageois ont reçu une notification d'ordre de démolition 1 mois auparavant, mais rien n'était précisé quand à la date et quelles maisons allaient être détruites...

La 4ème Convention de Genève stipule: "Il est interdit à la Puissance occupante de détruire des biens mobiliers ou immobiliers, appartenant individuellement ou collectivement à des personnes privées, à l'Etat ou à des collectivités publiques, à des organisations sociales ou coopératives, sauf dans les cas où ces destructions seraient rendues absolument nécessaires par les opérations militaires" (art.53).

Lorsque l'on se rend à Dkaïka, on ne comprend pas... C'est un village perdu au milieu de nulle part, il n'y a strictement rien aux alentours, pas de colons à protéger, pas de terres à cultiver, rien. Les habitants sont pauvres et vivent sans eau ni électricité. Qu'est-ce que l'armée vient faire ici? Pourquoi persécuter ces gens? C'est tout simplement incompréhensible et révoltant...




Fort heureusement, le CICR a rapidement envoyé du matériel sur place: des tentes et de la nourriture!

Nous sommes retournées sur place 4 jours plus tard...
Les enfants du primaire inférieur suivent les cours dehors, lorsqu'il fait beau comme aujourd'hui... Quand il fait trop froid, ils s'entassent avec les autres élèves dans les 3 salles de classe qui sont restées intactes. Ils suivent les cours avec en toile de fond leur classe détruite et les plaines désertiques du Néguev...