Umm al Kher est un petit village bédouin situé sur les contreforts d'une colline au sud-est de Yatta (sud d'Hébron, cf.cartes en fin de blog). Le village est composé de 21 familles qui ont été expulsées du désert du Néguev en 1948. Après des années d'errance, ces bédouins se sont installés à Umm al Kher dans les années 70. Ce sont majoritairement des bergers qui vivent de la vente de lait de chèvre et de peaux de mouton. Ils élèvent également des poules et poulets pour leur consommation personnelle. Ils vivent pour la plupart dans des tentes dont les fondations sont en béton. Certains ont une petite maison (1 pièce). Ils vivent dans une pauvreté extrême. Le village n'est pas relié au réseau électrique, mais par chance, l'association israélienne Ta'yyoush y a installé des panneaux solaires (comme dans de nombreux autres villages bédouins). Quand à l'eau, il y a un puits situé à quelques mètres du village, mais malheureusement, l'accès y a été interdit... Pourquoi? Parce que dans les années 80, une colonie du nom de Carmel s'est installée au sommet de la colline... et c'est à partir de ce moment-là que les ennuis ont commencé...
Eid Suleiman devant le nouveau quartier de la colonie Carmel. |
En 1981, la colonie a confisqué 40 dunam (40'000m2) de terrain aux paysans de Umm al Kher. Au plus près, il y a moins de 20 mètres entre Umm al Kher et la première maison juive. Alors que la colonie s'étend, le village se réduit comme peau de chagrin. En 2008, la construction d'un nouveau quartier a « mangé» 50 dunam (50'000m2) de terres et pâturages palestiniens. Actuellement, la colonie compte environ 70 familles, mais les constructions en cours montrent de toute évidence que leur nombre va grandir. Certes, les toutes nouvelles maisons sont toujours vides, 6 mois après leur achèvement, mais « cela ne va pas durer. On a l'habitude. C'est une tactique des colons. C'est pour qu'on ait le temps de s'habituer... Mais jamais on ne pourra s'habituer à ce que des inconnus nous volent notre terre! » (Eid Suleiman).
La proximité de la colonie engendre de nombreux problèmes. Au quotidien, ce sont les jets de pierres contre les tentes et maisons des Palestiniens. Ils visent également les animaux. Lorsque les bergers sortent leurs moutons et chèvres pour aller dans les champs (qui sont leur propriété!), les colons sortent leurs armes et leur tirent dessus. Si un Palestinien, même un enfant, s'approche un peu trop près de la colonie, pourtant « protégée » par des barbelés, les soldats arrivent immédiatement sur place et l'arrêtent, utilisant le prétexte qu'il lançait des pierres sur les colons. Un jour, une chèvre est restée coincée dans les barbelés. La bergère a voulu la libérer, mais un colon n'a pas apprécié et lui a tiré dessus. Heureusement, la balle n'a fait que frôler son oreille... Néanmoins, depuis ce jour, elle n'ose plus sortir de chez elle. D'ailleurs, plus aucun habitant de Umm al Kher ne va plus dans les pâturages avec ses bêtes. « Chaque fois qu'un colon nous tire dessus, ce sont nous, les Palestiniens, qui devons aller au poste de police (à Quiriat Arba, Hébron) pour un interrogatoire qui dure des heures. Les colons avec leurs armes peuvent rester au chaud dans leur maison. Ils n'ont pas à se justifier de leurs actes. Pour la police, c'est toujours notre faute... » (Eid Suleiman).
Le problème est le même pour l'accès à l'eau, vitale. Il y a bien un puits à Umm al Kher, mais il a été réquisitionné par les colons pour la gigantesque usine d'élevage de poulets située à 100m de là. Les villageois ont maintenant accès à une citerne, à près de 400m en contrebas du village. Les femmes passent leur journée à remonter de l'eau jusqu'au campement à l'aide de mulets. De plus, c'est le garde de la colonie qui contrôle l'accès à l'eau pour les Palestiniens. Il est arrivé que le village soit privé d'eau pendant 15 jours consécutifs...
En plus du harcèlement quotidien de la part des colons, des soldats et partiellement de la police, le petit campement de Umm al Kher doit faire face à la politique israélienne appliquée dans la zone C. Tout ce qui est construit sans permission peut être à tout moment détruit par les bulldozers. « Nous avons déjà eu des dizaines d'ordres de démolition, mais nous reconstruisons à chaque fois. Nous n'avons pas le choix, c'est notre terre. » (Eid Suleiman). Les permis de construire ne sont délivrés que dans 4% des cas... Et quand on parle de construction, il peut s'agir d'une simple cage à poules...
Et dire que Umm al Kher veut dire « Mère de la Liberté »...
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